Tout d'abord, nous nous félicitons que la question de la partition soit abordée publiquement et sans discrimination par le président de la République, alors que les responsables UMP locaux ont toujours dénigré la question. Il y a encore quelques semaines J.-L. Harrousseau jugeait ce débat « sans importance » ; en 2003 la ministre Bachelot traitait la Réunification avec ironie et mépris de problème « folklorique », et nous connaissons tous l'avis du premier ministre Fillon sur la question.
Si les propos de Nicolas Sarkozy illustrent l'acharnement et le travail de Bretagne Réunie et des militants auprès des élus et des institutions, ils soulèvent cependant plus d'interrogations que de certitudes. En effet, il y a seulement un an, le futur président répondait de manière défavorable aux questions envoyées par Bretagne Réunie aux candidats à la présidentielle : que nous vaudrait donc ce retournement de situation ?
S'agit-il d'une volonté de la part de l'Etat central, enfin, d'engager un processus d'unification territoriale de la Bretagne ? Rien n'est moins sûr quand on voit la position de l'UMP en Loire-Atlantique et alors que l'Etat n'a jamais souhaité répondre à ce processus quand il en avait la possibilité. S'agit-il de déstabiliser dans le discours les collectivités territoriales opposées au chef de l'Etat, notamment en Bretagne en jouant sur qui de l'UMP ou du PS aura les plus beaux habits régionalistes. Rappelons que l'UMP comme le PS ont déjà eu à maintes reprises la possibilité de réunifier la Bretagne. Est-ce pour Sarkozy une manière de lancer un pavé dans la marre pour voir ensuite les réactions ? S'agit-il encore d'aborder la proposition d'un Grand Ouest sans oser le dire ? Ou enfin, dernière possibilité, s'agit-il de calmer les ardeurs des militants de la Réunification ?
Malgré ces déclarations, le président ne nous renseigne pas sur la ou les formes que pourrait prendre le processus de modifications des limites territoriales. Il ne nous donne pas non plus une idée de la date à laquelle il interviendrait.
Pourtant, il ne peut ignorer le problème actuel que pose la partition dans l'application de la nouvelle réglementation sur les plaques d'immatriculation, tant 44=BREIZH et Bretagne Réunie ont multiplié les rencontres et courriers auprès de la préfecture, du cabinet de l'Elysée et du ministère de l'Intérieur.
De même ces déclarations sont-elles à prendre en compte à l'orée des élections régionales en 2010 ? Et sous quelle forme ? Car nous ne pourrons pas accepter un référendum sans être clairs sur la participation d'autres départements comme la Mayenne ou le Maine-et-Loire. Nous ne ferons pas confiance non plus à une consultation sans débat de fond qui, en proposant de choisir entre statu quo, Bretagne et Grand Ouest, ferait le jeu de la dernière proposition technocratique et antidémocratique. Et puis, quelle valeur démocratique pourrait-on accorder à un référendum si la région PdL continue pendant ce temps sa propagande, si les instances médiatiques, sociales, sportives, etc... continuent à promouvoir le découpage dont elles dépendent, sans avoir prévu la possibilité de placer ce référendum sous le regard d'observateurs internationaux. La loi actuelle ne prévoit pas de consultation dans ce cadre, et les propos de Sarkozy sont à dix mille lieues de prendre en compte la question sous ses aspects fondamentaux. Quoiqu'ai dit Sarkozy, les instances et les intervenants politiques sur la question, tout dans ses propos indique que notre combat pour l'unité doit continuer et s'intensifier.
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